Je descends de la montagne.

Publié le par mada.mitsabo

illu91La semaine dernière, j’ai profité d’un déplacement du 4x4 sur Ambalavo (ville qui se situe plus au nord à 60 km de la vallée du Tsaranoro) pour me rendre quelques jours sur Fianarantsoa (là où j’avais déjà passé nouvel an, soit à encore 1h30 de route, plus au nord d’Ambalavo). L’objectif de ce retour à la civilisation était multiple. Tout d’abord, m’arrêter avec Emile (le directeur des écoles) à Ambalavo, prendre des photos des élèves de la vallée du Tsaranoro qui sont au collège et au lycée, et qui bénéficient de parrainages leur permettant de financer leur scolarisation. Ensuite, continuer jusqu’à Fianarantsoa, pour faire les achats de matériel et de médicament pour l’école et le dispensaire, avec les dons que j’ai récoltés avant de partir. Il me faudrait cependant au moins 6 pages pour vous raconter les grandes lignes de ces 3 jours. Alors à défaut de faire trop long, voilà un petit résumé de ce retour en zone urbaine.

J’aurais pu tout d’abord vous parler de cette séance photo au collège d’Ambalavo. L’objectif était donc de prendre en photo chaque élève originaire du Tsaranoro, qui bénéficie d’un parrainage. Les photos seront ensuite envoyées aux parrains, qui suivent la scolarisation de l’enfant. C’est l’association marseillaise qui s’occupe du dispensaire, qui gère aussi les parrainages. Ils sont environ 30 enfants de la vallée, scolarisés au collège d’Ambalavo. Mais dans ce collège il y a en tout plus de 1000 élèves. Alors que la sonnerie annonçant la pause de l’après-midi se met à retentir, nous attendons sagement les élèves dans la grande cour de récréation. Ils ont été prévenus dans la matinée de notre visite. Sauf que, évidemment, un homme blanc avec un appareil photo, dans une cour de collège, en pleine récréation, vous imaginez bien que ça ne passe pas inaperçu, et ça attise les curiosités. La séance photo n’aura donc pas qu’intéressé les enfants du Tsaranoro ! Et un collégien, qu’il soit français ou malgache, ne déroge pas à LA règle… il est en plein âge bête ! Bref, un peu traumatisante comme expérience… mais après une petite photo de groupe, nous aurons fini par prendre tous les enfants du Tsaranoro en photo (ainsi que très probablement une bonne quantité d’autres élèves …)

J’aurais pu aussi vous détailler mon premier voyage en Taxi-brousse, pour rejoindre Fianarantsoa où j’avais prévu de passer la nuit. Mémorable le taxi-brousse… Le concept est simple. Prenez un minibus japonais, attendez qu’il se remplisse, et espérez qu’il se remplisse avant la nuit, sinon il ne partira pas. De toute façon, vous n’avez nulle autre possibilité, ça fait déjà un moment que votre sac est ficelé sur la galerie du toit, enseveli sous des sacs de riz, de mangues, et autres clapiers à poules… Mais vous voyez le sketch des clowns, sous le grand chapiteau du cirque, qui arrive sur la piste en 2Cv. Il y en a un qui sort, puis un deuxième, un troisième... Au bout du sixième on se dit, non ce n’est pas possible, y a pas assez de place ?! Et bien si, en voilà encore quatre qui sortent… Bah le taxi-brousse c’est un peu identique, sauf dans le sens inverse, on se dit « non c’est pas possible… y a plus personne qui peut rentrer là ?! » Et bien si ! Alors sans exagérer, si j’enlève les enfants qui ont leur place sur les genoux des adultes, nous devions être environ 21 dans ce minibus. Avec le chauffeur, bien entendu ! Je me suis à plusieurs reprises demandé si, dans certaines pentes, on n’allait pas devoir sortir pour pousser le véhicule, tellement il était chargé. Je crois même qu’une charrette à zébu nous aurait doublés dans certaines côtes. Mais nous avons finalement rejoint la ville, la nuit tombée.

J’aurais bien entendu pu vous parler de mon arrivée à l’hôtel. J’avais choisi de retourner dans le même hôtel que celui où j’avais passé le nouvel an. A prix normal, et surtout avec une connexion wifi, l’occasion d’envoyer quelques nouvelles, et quelques photos. Mais c’était surtout l’occasion de revoir la sympathique équipe des employés de nuit, et continuer quelques grandes discussions philosophiques sur nos visions respectives du monde. Jules est là lui aussi, c’est sa 7ème nuit qu’il enchaine… En fait, si j’ai bien compris, ils n’ont droit qu’à 2 jours de repos par mois, pour une plage horaire qui commence à 18h, et qui finit à 9h. Je n’ai même pas osé lui demander s’il avait une prime de nuit…

J’aurais pu aussi vous décrire mon grand étonnement au moment de changer mes quelques euros qui me restaient en poche, en Ariary, la monnaie nationale. En effet, je ne savais pas qu’ici, les garagistes malgaches faisaient aussi bureau de change ! Me voilà donc à discuter du taux de change (qui se trouve moins avantageux qu’à Tananarive) avec un mécanicien. Soit. C’est pourtant le meilleur bureau de change de la ville qu’on a pu me conseiller ! Du coup, je me demande quand même où les malgaches font réparer leurs voitures ?!

Et puis cette journée mémorable, passée dans les pharmacies, officines, librairies, et autres boutiques où l’on y vend tout et n’importe quoi… Avec les dons récoltés avant mon départ, il y avait 400 € à dépenser pour le dispensaire en matériel médical et en médicaments, ainsi que 250 € pour les écoles en fournitures, matériel pour les ateliers de broderie… Emile et moi avons donc parcouru tout le centre ville, avec l’aide d’un chauffeur de taxi que nous avons loué pour la journée. La première chose qui m’a étonné, c’est que dans ce pays, n’importe qui peut se présenter dans une pharmacie, et acheter n’importe quel médicament, sans aucune ordonnance. Bon, je dois avouer que c’était plutôt pratique, la liste étant longue, c’était bien agréable de se passer de toute formalité administrative. Cherchant du matériel un peu plus spécifique tel que des sondes urinaires, des perfusions de NaCl, je ne saurais vous décrire les endroits dans lesquels on m’a conduit, mais on m’a assuré qu’il s’agissait bien de pharmacie. Par exemple ce vieil entrepôt humide et sans fenêtre, avec juste une table, une chaise, et un homme assis là avec un carnet et un stylo, éclairé par une petite lampe au plafond. Voyant déjà tous les meilleurs moments de ma vie défiler dans ce lieu si lugubre, j’imaginais l’endroit idéal pour me faire détrousser de la tête aux pieds. Et bien non, pas de piège, rien de mafieux... « hem, bah euh merci monsieur… euh désolé d’avoir dérangé, mes amitiés à votre épouse… » Ne trainons pas trop... j’entends rigoler les rats…
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Et puis le lendemain… tous les achats étant faits, nous avons organisé un transport avec le 4x4 du Camp Catta, ayant à nouveau une grosse quantité de matériel à transporter. Je savais qu’il devait me récupérer à l’hôtel, je ne savais juste pas à quelle heure. J’étais prêt pour 9h, imaginant bien qu’il n’arriverait pas avant 12h. Passées les 14h, j’ai du rendre les clés, et attendre devant la porte de l’hôtel, pour finalement voir arriver la voiture à 15h30. Nous n’avons pas quitté la ville avant 16h30 (allez comprendre, les départs, c’est toujours très long…). Heureusement, ça roule bien. Sauf que… figurez-vous… sur la route, arrivés à Ambalavo, nous nous arrêtons pour récupérer Helga (la conductrice avec qui j’avais fait la route la première fois pour aller au camp) qu’on avait déposée dans la matinée chez un ami non loin de là. Et quand Helga boit des verres chez des amis, ça traine, ça traine, et ça n’en finit plus… Il faut juste patienter... Evidemment, la suite aurait pu être évitée, mais le temps qu’Helga se décide à partir, c’est un violent orage que nous avons croisé sur la route du retour. La voiture est chargée (nous sommes 7 dans la cabine) et la piste qui mène au Tsaranoro est déjà très accidenté en cette période de l’année. Comme il ne s’arrête pas de pleuvoir, le chemin se transforme en rivière, rendant certains passages, aussi glissants que des plaques de verglas. Le seul avantage à voir, même si très serrés, nous sommes au moins au sec ! Pas comme les 2-3 personnes (voire peut-être plus…) à l’arrière dans la benne que nous avons pris en stop en bas de la vallée. Certains passages de gués ne sont pas très rassurants, le niveau est sérieusement monté, et certaines ravines creusées par l’eau dans le chemin obligent Helga à quelques manœuvres périlleuses. Mais nous finissons finalement par arriver au camp à 21 h, par je ne sais quel miracle. Bon, y a quand même du mieux, Helga, la dernière fois, nous sommes partis de Fianarantsoa à 14h pour arriver au Camp à 22h ! C’est une heure de mieux que la dernière fois… bravo ! En tout cas, je n’aurais jamais pensé que ces 3 jours en ville puissent être aussi animés… me voilà bien content de retrouver le calme (même humide) du Tsaranoro et de ma petite maisonnette que j’appelle déjà mon chez moi.

Publié dans Les news du projet

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